Depuis 2020, il y a eu 3 rapports successifs au gouvernement concernant les PsyEN : celui de la Cour des Comptes, le rapport Reda préconisant la création d’un service de santé scolaire englobant les PsyEN, et le dernier sorti en mars 2024 de l’Inspection Générale centré sur les PsyEN du 2d degré. Pourquoi tant d’intérêt pour ce « petit corps » ? Quels sont les enjeux ?
Le mal-être des jeunes est régulièrement mis en avant dans l’actualité. Face à la pénurie de médecins scolaires et de médecins psychiatres, le gouvernement cherche des solutions. Cela se traduit par la volonté politique de réformer la Fonction Publique (notamment l’hôpital public) et aussi l’école ; l’orientation et la psychologie concentrent différents enjeux. Les PsyEN dans le 1er comme dans le 2d degré sont notamment habilités à réaliser des bilans psychologiques gratuitement. Ça attire les « convoitises » du lobby médical, tenté de cadrer notre profession, nos pratiques, nos modalités d’exercice professionnel pour répondre à des besoins médicaux. Il y a de la part de certains la volonté de créer un « Ordre des psychologues ». Ce n’est pas porté par les PsyEN (ni par la majorité des organisations de psychologues qui œuvrent à l’actualisation du code de déontologie unique des psychologues).
Les PSY EN refusent-ils
elles de s’occuper de la santé mentale des jeunes, de leur mal-être ?Les PsyEN ont toute leur place dans l’accompagnement à la santé mentale des élèves. Ils et elles refusent néanmoins d’être réduit
es à un rôle d’évaluateur et de médicaliser la difficulté scolaire. Le travail des Psy EN est de soutenir les équipes pédagogiques et la motivation des élèves en leur faisant prendre conscience de leurs acquis, des qualités qu’ils développent et qui pourront être ré-investies, faire du lien entre l’« ici et maintenant » et le plus « tard, ailleurs » en parlant d’une autre place, extérieure à la classe. Le travail du Psy EN est avant tout un travail de prévention, pas un travail de tri scolaire ou social.Y a-t-il un risque que les PsyEN sortent de l’Éducation Nationale et soient transféré
es aux départements ?La décentralisation des Services de Santé Scolaire vers les départements permettraient de nous « récupérer » - pallier le déficit de personnels - pour faire les bilans psychométriques et orienter vers l’enseignement adapté, la reconnaissance de handicap, etc… Mais le M.E.N. veut garder la main sur les personnels infirmiers, Assistants sociaux et PsyEN car les besoins sont là, dans l’école, pour répondre aux problématiques de santé mentale, d’inclusion scolaire… Le M.E.N. semble plus favorable à un Service de santé scolaire à l’interne en organisant l’extension de nos missions pour intégrer des « SAS » pilotés par des médecins Psychiatres ou Pédo-psy pour recevoir les enfants afin de les orienter vers le soin en CMP, CMPP, ou en libéral. Nos missions seraient alors recentrées sur l’évaluation, au détriment du conseil et de l’accompagnement de l’élève dans son parcours. Or, c’est le levier qui permet souvent de considérer l’élève comme une personne, un sujet acteur et l’aider à faire des choix éclairés.
Parmi tous ces scénarii, celui de la Cour des comptes : le passage des PsyEN au même registre budgétaire que les infirmiers et les assistants sociaux scolaires. Mais le titre de psychologue nécessite un bac + 5 validé, quand les diplômes d’état des collègues s’obtiennent à bac +3, et qu’ils sont astreints à 38/39h hebdo, alors que le temps de travail des psyEN comprend la préparation et rédaction de CR psy.
Les PsyEN en collège et lycée font-elles
ils toujours de l’orientation ?On peut se poser la question ! entre les profs et l’heure d’AP (accompagnement personnalisé) qui englobe l’accompagnement à l’orientation, les référents « décrochage », PHARE, etc… les personnels médico-sociaux préoccupés des questions de santé mentale, quel espace pour les PsyEN ? Parfois, on se sent « instrumentalisés », assignés à des tâches définies par moult protocoles, procédures… et aussi, talonnés par des calendriers parfois intenables vu notre nombre et le ratio élèves.
Alors, au lieu de recruter dans la fonction publique, l’école - à l’instar de l’Hôpital - ouvre ses portes aux intervenants extérieurs, associations, coachs… dont les qualifications et qualité d’intervention sont rarement évaluées. Il y a actuellement un véritable « marché » pour capter le public scolaire.
Si nos secteurs étaient moins lourds, divisés par 2, soit 800 élèves par PsyEN, nous aurions les moyens de travailler autrement, avec moins de stress et plus de satisfaction au travail !
Ce n’est pas de réformes dont on a besoin, mais de créations de postes !